A Roger Gilbert-Lecomte, René Daumal,
Hendrick Cramer, LucDietrich.
Tous nos amis sont morts
Nous nous sommes égarés malgré tous nos espoirs
Mais nous étions des êtres capables de mourir
Et nous avons été trop semblables à nous-mêmes
Et jamais personne ne comprendra
Jamais personne ne nous entendra
Jamais personne ne se souviendra
Et ce soir avec ma poitrine ouverte
A tous les battements d'un lourd désastre
Je me souviens avec mes larmes
Et je sais que nous étions les seuls présents et éternels
Les seuls capables de reprendre l'Héritage
De nous dresser comme des socs
Et de déchirer ce temps mort
La tête vide égaré je me souviens que j'ai deux fois vécu
Je me souviens que je devrai mourir
Je me souviens d'une joie trop brutale
Les deux vies que je me suis permises
Me retiennent à la gorge
Et mon cœur est lourd et fatigué de battre
Dans le vide de ma tête qui n'a pas de ciel
Et que l'exil a rendu méconnaissable aux hommes
Mes yeux sont fadgués et le sommeil me traque
Je suis étrangement semblable à qui je fus
Ayant connu des douleurs aveugles
Ayant connu un amour conscient qui me dévore
Ayant deux fois vécu