René DEPESTRE :: Біографія
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« C'est le voyage au bout de soi qui fait découvrir l’ailleurs et le tout »
(Aimé Césaire)
Aimé Césaire s'en est allé au petit matin du 17 avril 2oo8. Le souffle n'est plus du poète souverain de la Martinique. Il aura longtemps gonflé les voiles de notre résistance à l'inhumanité de l'homme envers l'homme. Le penseur que des sophistes artificieux et malveillants feignaient de trouver abrupt et obscur dans sa démesure, et paradoxal dans sa traversée du XXesiècle, est réapparu, en son pays natal, dans une éclaircie planétaire de la vie autour de son lit de mort. Ce jour d'avril-là, le départ d'un grand homme noir prit pleinement un sens jamais vu d'espoir et d'universelle fraternisation des esprits et des cœurs de tous les pays.
Césaire et Senghor auront tout fait pour éviter que leur combat de la décolonisation donne naissance, en Afrique ou aux Caraïbes, à un intégrisme négro-africain ou négro-antillais. Fils éclairés de la négritude et de la francophonie, ils n'ont jamais perdu de vue les autres unités géo-culturelles qui prospèrent au sein de Commonwealth britannique, dans la communauté ibéro-américaine avec le rêve anglo-saxon et afro-américain des États-Unis, comme avec les autres équipées de la civilisation, à travers les expériences historiques arabe, africaine, chinoise, indienne, japonaise, Scandinave, slave, persane, sans oublier l'apport polyphonique de Tailleurs européen.
Dès leur jeunesse à Paris, ils devaient proclamer un grand dessein universel : l'accroissement qualitatif des humanités de la vie en société.
Le 17 avril 3008, le monde a pu voir à quelle sorte d'équilibre culturel rêvait Aimé Césaire, entre la nature et l'histoire, le sacré et la civilité démocratique, le chez-soi martiniquais et le chez-autrui universel, entre la vieille terreur des temps impériaux et le goût très césairien d'aller hardiment vers Tailleurs et le tout de la tendresse et de la fraternité.
Texte extrait de « L'ailleurs et le tout d'Aimé Césaire », inédit.
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