Oscar MANDEL :: Біографія
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Критика
Il y a d'abord la poésie simple faite pour la multitude, et celle-là marche très bien et marchera toujours bien. Après, il y a la haute poésie qui existe pour les gens dits cultivés : pour nos frères poètes et littéraires, bien entendu, mais aussi et surtout pour tous ceux qui font autre chose qu'écrire, mais qui constituent, en deux mots, l'élite culturelle d'un pays. Et puis il y a la poésie ésotérique ou précieuse, fondée par Mallarmé, qui n'intéresse qu'un cercle de spécialistes ou d'initiés.
Les poèmes de ces trois classes de poésie ont ceci en commun : ils pèsent zéro sur le cours du monde. À chaque niveau, à moins de ne révéler rien du tout, ils révèlent ce que le lecteur savait déjà, mais ils en font une fête.
Dans les trois catégories, il y a du bon et du mauvais selon le jugement de ceux qui logent dans ces catégories : de bons et de mauvais poèmes simples, de bons et de mauvais hauts poèmes, de bons et de mauvais poèmes ésotériques.
Mais je m'abstiens de porter un jugement sur laquelle des trois possède le plus grand mérite en elle-même, car je ne connais aucune base inébranlable pour ce genre de jugement: chaque base en demande une autre sous elle. Je me contente de dire que je voudrais, moi, faire de bons poèmes qui s'adressent principalement au monde des gens cultivés auquel j'appartiens, et que je fréquente.
Je laisse la poésie simple à mon garagiste. La poésie ésotérique m'endort.
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