Nous qui vivons encore ici
Sans plus de désir
De lever le front et
De gonfler les épaules
Nous partirons quelque jour prochain
Pour quitter l'exquise béatitude
De ne rien penser derrière le front
Sous ce ciel bleu de lait
Nous partirons dans quelques mois
Pour chercher le vent profond
À soulever nos petits manteaux
Sous ce ciel vert-de-gris
Sur la terre où seuls
Les faucheurs travaillent
II faut bien des voyageurs
Et telle chose n'est possible qu'ici
Nous partirons avant cette fin d'année
Pour laver nos linges de guerre
Et rincer nos yeux de crasse désirant voir
Un ciel vivre au-dessus de la terre
Et telle chose n'est possible qu'ici
Nous partirons sûrement l'année prochaine
Nous soulèverons nos corps lents sur la terre
Nous plongerons nos mains dans la terre
Nous tracerons des signes à tel endroit sur la terre
Que les faucheurs dorment maintenant
Et telle chose n'est possible qu'ici