Vieil amant mal aux dents mal au dos pas cadeau
déglingue sûre si ça dure rends-toi compte : no future
Quel présent quel dingue don maintenant profitons !
Profiteroles le temps vole force coule et tout croule
Course folle vent roucoule cailloux roulent faire est foule
Foule de quoi secoue lance ses dés ou ses osselets avant
toi m'en irai c'est dans l'ordre des choses je vais mourir d'abord
Tu vas m'ouvrir d'accord comme Nerval en verlan ou
William en longs vers si j'expire la première cela peut
arriver accident de vélo broyé contre un pommier une
voiture dans platane l'avion qui tombe à l'eau le bateau
chaviré une balle perdue ronde ronde au fond du pré
carré ou dans quelle avenue de grande ville éclairée et le
cœur tiens qui stoppe d'un coup sans prévenir
Quelle improbabilité tu me déraisonnes là: le temps sapera tout
Le temps passera c'est tout mais nous en connaîtrons l'or et l'ores et déjà
L'or et l'or et l'ordure... Il ne faut pas rêver.
Mais tu n'es pas un rêve si l'amour s'invente bel
L'amour s'évente et bien, entends ce que je dis, je désire
hiver calme pas retraite aux flambeaux lune de miel sur
les flots et gondoles à Venise je veux finir en paix
Accorde-nous une chance vivons au jour le jour notre histoire à la joie
Le ménage la routine casseroles et serpillières balais
torchons serviettes éponges plonges piles d'assiettes nous auront à l'usure
Tu n'y penses pas vraiment ? ! Mais que si ! Songe à la poésie !
Justement elle est cuite d'avance la poésie en faitouts
en marmites cocottes et poêles à frire !
Je reconnais l'oiseau son refrain seriné sa façon de vous dire qu'il ne s'en laisse conter...
Je hais la poésie
Moi non plus souviens-toi c'est pourquoi aujourd'hui je te vole dans les plumes
Et te prête ma lume...
in Anthologie Des poètes aux parvis. La Passe du Vent