Egaré sur le sentier des bêtes
tu parles seul
tu dis : j'aime et j'aimais
et ton falot reste allumé
aux branches jusqu'au matin
mais personne ne te demande plus
de te limer les dents à l'os des framboises
quoi te pousse à vouloir survivre
pour éclairer à tout prix
ces traces de lutte dans le limon
tu ne sais trop tu humes l'air
en attendant que ton ombre te rejoigne
sur ta juste inclinaison.
*
Taille ton bois dans le sens des fibres
si tu veux que ta pirogue aille loin
bonhomme enchaîné à l'espoir balbutiant
que ton bras et ta main soient aussi vaillants
qu'est douce la récompense du soir
dans le creux odorant de l'aimée
et sois heureux que ton voisin te toise
au matin d'un œil neuf et moqueur.
*
Ne te satisfais pas d'aimer
ni d'être aimé
creuse autant dans la grâce
si ta langue s'y féconde
que sous l'écorce
où elle piège le sel
de la première larme.