![Jean Malrieu](/img/nofoto.gif)
Ïðî÷èòàíèé : 128
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Òâîð÷³ñòü |
Á³îãðàô³ÿ |
Êðèòèêà
Puisque nous sommes mortels,
Puisque nous sommes mortels,
Puisqu'en nous, déjà, cheminent
Les ombres et que le temps montant
Comme un gravier s'éboule,
Puisque s'élancent à la course
D'autres soleils,
En nous, pour publier l'instant accompli,
Avec les mots et les choses qui les portent
Dans la plus grande attention, la nudité
De l'âme quand elle s'éveille avant le jour,
Nous choisissons le témoignage.
Car nous sommes responsables,
Non de ce que nous avons fait,
Mais des promesses non tenues.
Ce n'est point de ne point avoir fait le mal.
Les mains quittes ne sont jamais pures.
Il faut les avoir noires de terre,
Saisies en leur travail, armées.
Il fallait toujours parfaire.
L'ordre du monde le demande.
C'est par les rêves tenus
Que se fait notre alliance.
Je n'ai pas assez aimé.
Sur le seuil avec beaucoup d'ombre dans le dos
Je n'en finis pas de regarder une rose.
C'est la dernière de l'été. Ma mère aimait cette chanson.
Il est resté quelque chose d'elle dans l'automne
Comme «Soyez heureux» ou «Amitié d'un convive
absent».
Je n'en finis pas de poser comme sur une photographie
Avec un chien à mes pieds.
On reconnaît le pied de vigne, le géranium,
L'entaille au cœur qui marque la saison
Comme autrefois lorsque nous grandissions
Ces dates et ces traits cernant nos tailles juvéniles.
Je n'en finis pas de poser pour retrouver un jour d'hiver
Ce qui fait vivre éternellement ce qui dure peu :
Le pas du voisin sur la route, le chant de l'électrophone
Qui part du cœur de l'été blessé
Et dans les marges de ce soir blanc s'approchent
Les phalènes, les champs lunaires indivis,
La paix descendue du haut des peupleraies,
Brusque présence
Qui fait taire pour un instant
Toutes les bêtes de la nuit.
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