Ïðî÷èòàíèé : 145
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Òâîð÷³ñòü |
Á³îãðàô³ÿ |
Êðèòèêà
BAIGNOIRE
La baignoire s'est endormie
Avant ce baigneur de minuit.
Lui, les yeux grands ouverts,
Il écoute, dans la lumière,
Un bruit qui ressemble à celui
Que ferait un nuage en visite,
La nuit, dans un couloir d'un magasin de meubles.
Et quand la vidange a fini d'effacer l'eau du bain,
Qu'elle reste la bouche ouverte et respire
Comme un visage d'ange,
Le baigneur nu, lentement, cesse d'entendre
Ce que n'entendent pas les dormeurs ;
Il écoute maintenant quelque chose d'autre et de
lointain...
Est-ce encore un nuage qui parle ?
C'est une foule à peine distante qui murmure ;
Ou plutôt une voix étrangère dans cette foule,
Une voix qui ne sait pas parler; mais lui
De toutes ses oreilles, nu dans son absence d'eau,
Par l'oreille du trop-plein
Il entend des mots d'amour
Qui s'adressent à lui seul
Depuis l'autre côté de la nuit;
Les mots qu'il sait bien qui sont les seuls vrais mots
d'amour et qu'il ne connaissait pas.
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