Je crois te retenir immobile. Tu dors.
Je marche émerveillé dans les jours de ta face.
Je dénombre les lieux où bientôt la grimace
Viendra nous rappeler la misère et la mort.
Je souffre. Je voudrais qu'un instant tout s'arrête,
Que ce sommeil de loup soit ta cire et ton vol,
Que rien ne se délie, et des cheveux au col,
Que plus jamais ne bouge un trait de cette tête.
Nous sommes sans répit de seconde en seconde
Un homme différent dont l'honneur s'amollit,
Étranger au suivant, un horizon sans lit.
Notre nom seul échappe à cette obscure ronde.
Ainsi demain déjà le pli de tes narines
Aura tourné, ta joue aura bosses ou creux.
Imperceptiblement le temps refait nos yeux.
En te mieux connaissant, tout cela je devine.
Oh non ! Pouvoir ici fixer ta force intacte
D'un geste ! Il suffirait d'un artiste assassin
Pour arrêter le cours féroce et les essaims
De Dieu qui font leur miel avec nos moindres actes.