Ïðî÷èòàíèé : 204
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Òâîð÷³ñòü |
Á³îãðàô³ÿ |
Êðèòèêà
VERSETS
1
Qui voit la mort, il ne sait pas les poivriers sertissant
d'or
Ce haut livre de cimes où prend le fleuve son étal, ni
ô mystère
Sur le sable les coqs, dormeurs inattendus.
C'est le sable d'azur semé de sable noir, c'était la
larme
Qu'hier nous enterrions sur le rivage, près des voiles
mortes.
Et les gommiers, rêves du vent, de voiles vives,
Ornent à peine la plaie muette des rochers! C'est
tout là-haut
La solitude, puis un mouton que l'on égorge pour la
fête,
Tissant la lie de cette mort, quand vient le jour.
2
Et le poète se connaît, pourtant s'adresse un plein
d'autans,
De tempêtes : c'est une mer qui se requiert, ne se
trouvant.
Comme une mer jalouse, elle-même amante, se
déchire,
Déchaînée — jusqu'aux arbres, qu'elle ne peut
atteindre.
3
J'étreignais le sable, j'attendais entre les roches, j'em-
brassais
L'eau puis le sable, les rochers — ce cœur des choses
rêches, — puis un arbre ! M'écriant
Que le langage se dénoue et que telle baigne, en ce
lieu,
Qui aurait allumé plus pur encore le mirage.
— Les trois orties de l'ignorance ont poussé devant
ma porte !
Quel est ce lieu, quel est cet arbre sur la falaise
Et qui ne cesse de tomber?
4
Vous éleviez votre corolle, demandiez au jour l'essaim
de ses yeux pâles, où le fleuve s'efforce et les orages
s'établirent.
O ! défaisant le jour il met à jour des peuples des
amours, — mais de quel fleuve s'agit-il sinon d'orage,
où cette image aura baigné ?
Et ainsi vague de la vague, de vous-même sans fin
plage, êtes-vous réelle de mer ou toujours plage de ce
rêve?
(Et c'est, de l'arbre descendant, même falaise, les
rochers, ce cœur de sables, cette mer!)
5
Pollens ! Arbres neigeant, neigeuses semailles !
Gémissez le souvenir de vos sèves dans le sol
Et le front adouci de vos querelles dans le vent.
Déjà l'hiver, déjà, et de nouveau ce silence.
Un long voyage silencieux sans que l'eau rouge nous
avive
Un pur aller un pur grévage et une abside non moins
pure
Comme une Inde fabuleuse qui dépérit, soudain
humaine,
Et vient mourir en le miroir de votre mort.
6
Je vois ce pays n'être imaginaire qu'à force de souf-
france,
Et qu'au contraire très réel il est souffrance d'avant la
joie,
Écumes! — à peine là, qui s'effarouche et meurt.
Comme on voit :
« Sur les graviers, émerveillé de salaisons
Un peuple marche dans l'orage de son nom !
Et des lucioles l'accompagnent. »
7
Encore, et inconnue, en qui la nuit épouse son aurore,
Il n'est joie que sereine auprès des sables morts, il
n'est miroir que de vos corps
Où la vague du temps dénude son été ! Celui
Qui va nouant d'écumes sa parole et s'ébat au miroir
du sable, — il meurt pourtant.
L'écume ne connaît la douleur ni le temps.
8
Sable, saveur de solitude ! quand on y passe pour tou-
jours.
O nuit! plus que le chemin frappé de crépuscules,
seule.
A l'infini du sable sa déroute, au val de la nuit sa
déroute, et sur le sel encore,
Ne sont plus que calices, cernant l'étrave de ces
mers, où la délice m'est infinie.
Et que dire de l'Océan, sinon qu'il attend?
9
Par le viol sacré de la lumière imparfaite sur la
lumière à parfaire,
Par l'inconnue la douceur forçant la douceur à s'ouvrir,
Vous êtes amour qui à côté de moi passe, ô village
des profondeurs,
Mais votre eau est plus épaisse que jamais ne seront
lourdes mes feuilles.
Et que dire de l'Océan, sinon qu'il attend?
10
Vers la chair infinie, est-ce attente brisée de la racine,
un soir de grêle?
O! d'être plus loin de vous que par exemple l'air
n'est loin de la racine, je n'ai plus feuille ni sève.
Mais je remonte les champs et les orages qui sont
routes du pays de connaissance,
Pures dans l'air de moi, et m'enhardissent d'oubli si
vient la grêle.
(Et que dire de l'Océan, sinon qu'il attend?)
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