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Êðèòèêà
LE SALUT EST PARTOUT
À Serge Sautreau.
Il me dit soudain : La vie est la forme approximative de la
vraie vie. Je levai les yeux vers lui. Il se pencha légère-
ment vers moi et ajouta : Mais oui : la vie n 'est pas séparée
de la vraie vie.
Celui qui, les bras croisés de l'autre côté de la porte,
nous écoutait, fit comme s'il n'avait rien entendu.
Nous nous trouvions sur le seuil d'une grande mai-
son abandonnée du Sud. Je les avais rejoints parce que,
dans mon rêve, ils m'avaient invité — là. Mais en regar-
dant plus attentivement celui qui ne disait rien, je
reconnus la frontière du siècle, au-delà de tous les mots.
Le salut est partout, continua-t-il, mais il n'offre aucune
garantie de survie.
C'est à ce moment que l'autre se détacha du mur
auquel il s'adossait. Nous le vîmes marcher dans les
herbes, se baisser brusquement, ramasser un bout de
bois, puis, d'un pas plus rapide franchir la barrière, la
refermer derrière lui et disparaître de l'autre côté des
arbres.
Il va allumer un feu, dis-]e.
Il y jettera son bout de bois, répondit-il.
Comme nous regardions la barrière blanche, un grand
silence prolongea la disparition de celui qui s'était tu.
A la fin, pour l'interrompre, je trouvai cette phrase : Les
éclipses servent à mieux percevoir le soleil
Il baissa les yeux et murmura : Tout se passe parfois
comme si l'on souriait sans raison au vide.
Mal refermée sans doute, la barrière se rouvrit alors
toute seule et, quand elle fut complètement ouverte,
une énorme bouffée de chaleur nous inonda, dans le
chant des cigales.
L'éternité venait d'entrer dans le jardin.
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