Ïðî÷èòàíèé : 128
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Êðèòèêà
DAVID ET JONATHAN
À la mémoire de Guido Gezelle.
Je suis le vicaire de Courtrai, je suis né dans l'année
trente,
j'ai tant aimé ce jeune homme, ils me l'ont arraché,
pendant des heures j'ai pleuré dans ma chambre et puis
ma peine s'est adoucie bien que
jamais jamais je ne puisse oublier son âme et l'odeur
de sa peau,
j'enseigne l'italien,
ils m'ont arraché ce jeune homme qui montait me
voir dans ma chambre
et c'est depuis ce temps-là depuis les sanglots dans
ma chambre que
j'écris des vers obscurs et des mots comme des chants
d'oiseaux, à présent
pour qu'on ne puisse plus m'accuser de rien je joue
sur les mots, ils ne trouveront plus
jamais personne dans ma chambre de prêtre, j'ai
quitté
Roulers et Bruges maintenant
je suis à Courtraij'y fus accueilli comme un poète, mais
je n'enseigne plus la poésie, seulement l'italien et
aussi le catéchisme, je préfère
ainsi m'adonner à ma poésie secrète, on saura plus
tard qu'elle était grande, on saura tout
de moi, tout, on verra clair dans mon âme, on justi-
fiera
l'obscurité de mon œuvre, et je serai alors, à la fin du
siècle,
sauvé, mais j'ai pleuré dans ma chambre à Roulers
par mes glandes lacrymales, et rien
ne changera en paix cette agonie :
la main de chair blessée, le corps de chair.
Extincdon de la passion.
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