1
tu vas
tu vaques à tes affaires
tes navigations coutumières
dans la fluidité de la ville
où se rétrécit ton territoire
jusqu'à la peau de chagrin
comme tout un tu te débrouilles
tant bien que mal et plutôt mal
que bien sur le plan pécuniaire
tu écoutes chaque soir ou presque
attentivement le journal
télévisé la voix de Catherine
bergman et celles
des correspondants à l'étranger
depuis quand gardes-tu
tes distances devant l'histoire
le passé l'avenir
tu as beau te dire sait-on
jamais tu vis dans la tranquille
assurance du lendemain
jamais tu ne rentreras pas
jamais tu n'abandonneras
derrière toi tes familles
2
tu vas
tu vaques à tes affaires
les heures passées derrière
la table de travail
derrière arrêtes-tu la quatrième
ligne écrite et pourquoi
pas devant pas le long de l'un
des longs côtés les lignes
où s'appuie la calligraphie tracent
un treillis contre l'opacité
du papier du lignage qui ne révèle
nulle transparence
et tu seras rentré trop tard
pour les informations le début
du dernier film un livre
attend que tu t'étendes plus tard
quand les mots ne s'offriront plus
ni les visions saisies dans leur
déchirante proximité
leur approximation
ni l'étape suivante du voyage
et chaque fois tu te demandes
à quoi bon voir demain
seulement le voir
que la peau rayonne entre les doigts