Notre dieu se cache parmi nous. Il emprunte les
déguisements les plus étrangers : colporteur, chevalier
d'industrie, pompiste.
Nos espions perdent rarement sa trace. Us évitent de
le démasquer en public. Qu'en résulterait-il ?
Peu d'entre nous ont vu son vrai visage (blanc, gra-
nuleux) .
Il répugnerait peut-être.
Capturé, nous le laissons moisir quelques mois dans
une geôle. Doucement alors la mélancolie s'empare
des hommes.
Il nous faut, à regret, le relâcher. Nous, ses gardiens,
nous sommes battus pour l'observer chaque nuit pleu-
rant dans sa cellule.
Avoir vécu cela justifie notre vie.