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Êðèòèêà
PIAZZA DE BEAUBOURG, LE 15 MAI, 19 HEURES,
nuages gris-bleu mats par-dessus les ardoises.
Entre deux manches à air géantes, au droit
du 111 à 117 rue Saint-Martin, sous
les platanes s'agglutinent quatre rangées
d'adultes en blousons de couleurs plutôt vives.
Trois rangs d'enfants sont assis devant. C'est le soir
d'un dimanche à promenade. Des voyageurs
ont posé leur énorme sac à dos et suivent,
dans une langue peut-être à eux étrangère,
le prestidigitateur qui parle à l'oiseau,
une colombe éclatante et qui obéit.
Quand elle naît d'un mouchoir, d'un œuf, d'une poche,
de son doigt très noir il lui caresse la tête,
ou de ses lèvres très rouges la baise au bec.
Longtemps il joue avec son chapeau mou de cuir
noir à gros clous de cuivre qu'il tourne et retourne
devant son tee-shirt fuchsia. Les gens parfois rient,
parfois lancent un oh ! multilingue, aussitôt
applaudissent. Lui s'en régale puis repart
dans les mystérieux jeux de mains qui les fascinent.
Après son dernier salut, ça se désagrège
à regret. Quand tout le monde est enfin parti,
reste immobile longtemps, regardant de loin
l'artiste qui se repose, un vieux petit homme,
tout son front mangé par une casquette grise.
in Dans la lune n° 7
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