Cet amour dénoué à travers les champs
Ce poignard sanglant dans les rochers
Ce vent mortel traîné par de fausses hirondelles
Voilà ma pauvre vie.
Il faudrait pouvoir traverser le miroir
Pour vous atteindre ô vous qui m'aimez
Mais il y a du sang jusqu'au plus profond de ma
jeunesse.
Je suis comme la mer plein de villes flottantes
Je suis comme le ciel peuplé de nuages ennuyés
Ma vie, au fond des ravins
Tremble chaque nuit jusqu'à l'aube
Et moi je rampe tout nu dans un songe de mort
Bêtes de mon sommeil, regardez-moi qui tombe
Fontaines habitées
Fontaines de mes mains où les dix sources grondent
O collier des forêts !
Colliers d'arbres en fleurs par qui le monde espère
Vous m'étranglez chaque matin
Et chaque soir les bleus de vos ongles mystères
Étouffent l'avenir dont je suis possédé.
Ne pas pouvoir sortir de ce lacis de veines
Et cet étrange piétinement à gauche de ma poitrine
Contre lequel je ne peux rien...
O mort regarde fixement cette ligne rouge à mon cou
Chaque nuit des cordes tendues m'entraînent au ciel.
Seules mes mains me guident parmi les planètes
muettes d'étonnement.
Aigles de cristal brûlant sur les cimes
Torches de plumes qui jalonnent ma vie
Sources fumantes dans l'amour qui tombe
Lorsque s'est levé le vent de l'au-delà
Vous êtes ce masque, qui riez quand je saigne
De toutes mes plaies cachées.
Quand je ferme les yeux un monde invisible étincelle
Quand j'ouvre mon cœur une fumée chargée d'oiseaux
Se lève à gauche derrière mon cœur.
O corps aimé qui me cherche sans jamais m'atteindre
et dont le regard d'argent m'étouffe
lacet de songe
et me tirera jusqu'aux abîmes miroitants de la mort.
La neige, la neige, la neige
Tuez-moi de la neige et que ce soit fini.